Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sherlock


Archiv

25 décembre 2007 2 25 /12 /décembre /2007 23:52
couché
derrière une barrière grise et verte
de chantier
réchauffé par
une évacuation d'air
chaud
un visage illuminé
ne voit pas qu'il est vu
par son ange
Partager cet article
Repost0
24 décembre 2007 1 24 /12 /décembre /2007 19:19
"La langue (dont sonne
en toi une note à peine,
à l'aurore du dialecte)

et le temps (auquel t'offre
ta piété naïve
et immuable) sont les murs

entre lesquels je suis entré,
séditieux et possédé,
devant tes yeux tranquilles."

Pier Paolo Pasolini. Poésies.
Partager cet article
Repost0
23 décembre 2007 7 23 /12 /décembre /2007 23:32
Va-t-on encore contrôler mes papiers,
cette nuit ?

devoir nager pour passer,
devoir voir cette photo passée
se décoller du passeport ?
Partager cet article
Repost0
22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 23:35
"Nos sens aimèrent ce dont l'amour ne signifiait rien d'autre qu'oublier et cacher ;
tout se transféra sur ce vent ;
le besoin d'amour
se reconnut dans la douceur inexprimable
et dans l'impuissance que donnait le plaisir de ce vent
dont la provenance était inconnue, comme le but ;
il sembla que rien d'autre n'existait au monde ;
nous n'aurions jamais voulu admettre qu'était un prétexte
sa grâce d'une fraîcheur inconnue
capricieusement divine, établie
depuis toujours et pour toujours par une triomphante certitude,
se répandant comme une âme aux mille formes incertaines
vers le fond de la mer Egée ;
nous n'aurions pas voulu l'admettre et ce ne l'était pas ;
tout le besoin d'être autre
et de se répandre avec un naturel
dont l'accomplissement aurait vaincu jusqu'à la mort –
cette mort que maintenant le vent plus que tout autre chose signifiait
la reddition devant l'impossible ;
l'échec infini et misérable ;
la dégradante fatalité ;
tout se projetait dans le vent qui passait
comme une bague qui n'unit pas et ne délie pas
sur ces îles désertes."

Pier Paolo Pasolini. Poésies.
Partager cet article
Repost0
19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 16:28
"Mais au Paradis les épreuves ne sont pas terminées. Le parcours initiatique atteint, au contraire, ses étapes décisives : tout d'abord, ce lieu du bonheur parfait qu[e Dante] traverse, est-il capable d'en supporter simplement la vue ? : le paradis est insupportable, telle est la découverte qui change le signe de l'image ordinaire, laquelle est image statique, génératrice de révérence et d'ennui ; le Paradis de Dante est le contraire de la staticité ; s'il est insupportable, c'est par tension excessive, excès d'émotion, d'énergie, de perception.

Tout à coup, au chant XXIII, le rire de Béatrice disparaît de son visage, le silence remplace le chant des élus et des chœurs angéliques ; angoissé, Dante regarde autour de lui et demande. Il lui est répondu que cette disparition a lieu pour épargner sa souffrance : le rire de Béatrice et la musique paradisiaque sont encore trop difficiles à endurer pour lui. Il faut qu'advienne la métamorphose intérieure : alors viendra le moment où il supportera la beauté de l'élue et la splendeur de la musique."

Présentation du Paradis de Dante par Jacqueline Risset.
Partager cet article
Repost0
18 décembre 2007 2 18 /12 /décembre /2007 23:07
Tu voyages dans ton quartier de pomme avec
au revers de ton costume, un oiseau-citron

sous une boule de couvertures, une femme
un peu mauve y réchauffe sa tête de compas

à cette occasion, on trinque aux bons sourires
Partager cet article
Repost0
17 décembre 2007 1 17 /12 /décembre /2007 23:15
LE NAGEUR — je te lègue ma boîte de compas et ma table de calcul dont tu avais déjà pris grand soin.

Emacié sous une couverture de femme.

L'AMIE DE SA MERE —  il ne faut pas trinquer en avance, j'ai apporté du champagne pour cette occasion que nous tairons.

Se tient au bout du fauteuil violet.

L'INFIRMIERE —  je voyage parce que les gens ne changent pas.

Accepte un quartier de pomme.

LA DANSEUSE — alors, est-elle partie cette boule ?

Souffle de l'air chaud.
Partager cet article
Repost0
16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 15:58
une légère retouche donne sa résistance à la lame
qui écorce

la progression de l'onde de choc
est préparée par l'aménagement des convexités
longitudino-latérales
et, au Magdalénien supérieur,
par le dégagement d'un talon
en éperon

on peut produire du feu par frottement
d'un bois dur sur un bois fibreux
ou par percussion d'un silex
sur un sulfure de fer

le cheminement de l'onde suit les arrêtes
des précédents enlèvements

si le percuteur est doux,
la progression est élastique
Partager cet article
Repost0
13 décembre 2007 4 13 /12 /décembre /2007 21:13
"Dans ma gorge noire
il y a un chat
à demi mort
à demi

chat du Cheshire
bien sûr sauvage
au sourire joueur
et qui déchire tes cordes
tes voiles
en morceaux
en lambeaux"

Jeanne Balibar, Alice.
Partager cet article
Repost0
12 décembre 2007 3 12 /12 /décembre /2007 20:02
bt.JPG

Blog-trotter

"Si les maisons par ici sont vertes, je peux encore y entrer.
Si les ponts ici sont intacts, j’y marche de pied ferme.
Si peine d’amour est à jamais perdue, je la perds ici de bon gré.

Si ce n’est pas moi, c’est quelqu’un qui vaut autant que moi.

Si un mot ici touche à mes confins, je le laisse y toucher.
Si la Bohême est encore au bord de la mer, de nouveau je crois aux mers.
Et si je crois à la mer, alors j’ai espoir en la terre.

Si c’est moi, c’est tout un chacun, qui est autant que moi.
Pour moi, je ne veux plus rien. Je veux toucher au fond.

Au fond, c’est-à-dire en la mer, je retrouverai la Bohême.
Ayant touché le fond, je m’éveille paisiblement.
Resurgie, je connais le fond maintenant et plus rien ne me perd.


Venez à moi, vous tous Bohémiens, navigateurs, filles des ports et navires
jamais ancrés. Ne voulez-vous pas être bohémiens, vous tous, Illyriens,
gens de Vérone et Vénitiens ? Jouez ces comédies qui font rire

Et qui sont à pleurer. Et trompez-vous cent fois,
comme je me suis trompée et n’ai jamais surmonté les épreuves,
et pourtant les ai surmontées, une fois ou l’autre.

Comme les surmonta la Bohême, et un beau jour
reçut la grâce d’aller à la mer, et maintenant se trouve au bord.

Ma frontière touche encore aux confins d’un mot et d’un autre pays,
ma frontière touche, fût-ce si peu, toujours plus aux autres confins,

Bohémien, vagabond, qui n’a rien, ne garde rien,
n’ayant pour seul don, depuis la mer, la mer contestée,
que de voir
le pays de mon choix"

I. Bachmann.

(Et merci à Abs qui m'a permis de donner moi aussi ce texte.)
Partager cet article
Repost0